Figure majeure du hip hop chorégraphique depuis les années 1990, Mourad Merzouki incarne un art en perpétuelle transformation. Nourri par une formation en arts martiaux et en arts du cirque dès l’âge de 7 ans à Saint-Priest, dans la banlieue lyonnaise, il découvre le hip hop à 15 ans, une rencontre fondatrice qui oriente toute sa trajectoire artistique.
En 1989, il cofonde la compagnie Accrorap, avec Kader Attou, Eric Mezino et Chaouki Saïd. Ensemble, ils contribuent à faire passer la danse hip-hop des battles de rue aux scènes nationales et internationales. Leur pièce Athina (1994) marque un tournant dans cette légitimation artistique. En 1996, Mourad Merzouki fonde sa propre compagnie, Käfig – mot qui signifie « cage » en arabe et en allemand – comme un manifeste de liberté : refuser l’enfermement dans un style ou une forme unique, tout en honorant l’héritage de la rue.
Mourad Merzouki s’impose par une esthétique singulière, faite de métissages entre hip hop, cirque, arts martiaux, arts visuels, musique live et vidéo. Il ne cesse d’explorer des territoires chorégraphiques inédits, sans jamais renier les racines sociales, géographiques et politiques de la culture hip hop. Cette ouverture le conduit à collaborer avec des artistes d’horizons multiples et à créer un langage scénique universel, traversé par l’émotion, la poésie du geste et l’engagement corporel.
En plus de 37 pièces créées, dont certaines devenues emblématiques (Pixel, Boxe Boxe, Vertikal…), il a conquis plus de 65 pays à travers plus de 4 000 représentations, touchant plus de deux millions de spectateurs. Parallèlement à cette reconnaissance mondiale, Mourad Merzouki s’investit fortement dans la transmission et la structuration du hip hop en tant que discipline artistique à part entière. Il fonde en 2009 le Centre chorégraphique Pôle Pik à Bron, puis crée le festival Karavel, devenu un rendez-vous essentiel pour la scène Hip-Hop française.
La même année, il est nommé directeur du Centre chorégraphique national de Créteil et du Val-de-Marne, où il mène pendant treize ans un projet intitulé La danse, une fenêtre sur le monde. Il y défend l’accès à la culture pour tous, le soutien aux compagnies émergentes et la transversalité des disciplines. Il fonde également le festival Kalypso, qui dynamise la scène Hip-Hop en Île-de-France.
En 2023, après avoir quitté le CCN de Créteil, il ramène la compagnie Käfig à Bron et Saint-Priest, renouant avec le territoire de ses débuts. La même année, il est sollicité pour chorégraphier le ballet libre de l’équipe de France de natation artistique en vue des Jeux Olympiques de Paris 2024, en collaboration avec l’entraîneuse Julie Fabre. Il y insuffle un style plus organique et engagé, choisissant la chanson Mesdames de Grand Corps Malade pour porter un message fort.
Durant les JO 2024, sa compagnie se produit également dans le cadre du projet Trokad’héros, devant la Tour Eiffel, réunissant 30 danseurs et artistes de rue pour quatre jours de performances devant 55 000 spectateurs.
Reconnu par ses pairs et les institutions (Petit Larousse illustré 2019, DRAC, Caisse des Dépôts, Who’s Who…), Mourad Merzouki incarne une vision de la danse à la croisée des mondes, des genres et des publics. Il défend un art généreux, en mouvement, qui refuse les cloisons et fait dialoguer les cultures, les disciplines et les émotions.