Artiste inclassable et figure singulière de la chanson française, Thomas Fersen a su, au fil des décennies, imposer son univers fait de poésie, d’humour et de douce excentricité. Son style unique mêle l’imaginaire du conte à une écriture ciselée, le tout porté par une musicalité libre et surprenante, où se croisent chanson, rock, pop, reggae ou encore influences baroques.
Né le 29 janvier 1963 à Paris sous le nom de Thomas Chedid, il se passionne très tôt pour la musique. Il apprend le piano et la guitare, mais c’est l’écriture qui va devenir son terrain d’expression favori. Fasciné par les mots, il cultive une langue foisonnante et malicieuse, où chaque chanson devient un petit théâtre habité d’animaux bavards, de marginaux tendres, d’amants lunaires et de héros ordinaires.
En 1992, son premier album Le Bal des oiseaux marque les esprits. Porté par des textes sensibles et une instrumentation acoustique délicate, il impose d’emblée une voix à part dans le paysage musical français. Le public tombe sous le charme. Suivent Les Ronds de carotte (1995), Le Jour du poisson (1997), puis Qu4tre (1999), autant d’albums qui confirment la richesse de son univers et installent durablement sa place d’auteur-compositeur interprète incontournable.
Récompensé par une Victoire de la musique en 1994 dans la catégorie Révélation masculine, Thomas Fersen poursuit une carrière libre, à contre-courant des modes, creusant sans relâche son sillon poétique. Au fil des années, il enrichit son répertoire de nouvelles couleurs musicales, s’entoure d’arrangeurs audacieux, multiplie les formats – albums studios, lives, spectacles hybrides – et crée même son propre label, les Éditions Bucéphale.
Son amour des mots le mène tout naturellement vers le théâtre et l’écriture romanesque. En 2023, il publie Dieu sur Terre, un roman en vers aussi irrévérencieux qu’inspiré, qui devient la matrice d’un spectacle du même nom. Ce projet marque une nouvelle étape dans son parcours : celle d’un artiste total, oscillant entre scène, chanson et littérature.
Le spectacle Mon frère c’est Dieu sur Terre, présenté au Théâtre Louis Jouvet puis en tournée, est à l’image de Thomas Fersen : hybride, vibrant, intensément vivant. Il y mêle chansons emblématiques de son répertoire et textes tirés de son roman, accompagnés des percussions envoûtantes du Trio SR9 et des arrangements subtils de Clément Ducol. Vibraphone, glockenspiel, marimba, piano préparé : autant de sonorités qui soulignent l’irréalité de ses personnages et accentuent les ombres de son théâtre imaginaire.
Avec Vibrations, ce projet discographique et scénique publié chez Tôt ou Tard, Thomas Fersen continue de brouiller les frontières entre les arts, fidèle à sa vision : celle d’une image vivante créée dans l’instant, par le mot, le geste, le silence et les ondes. Une tentative poétique et sincère de « montrer l’invisible au cœur de l’espace théâtral ».
Aujourd’hui encore, après plus de trente ans de carrière, il charme un public transgénérationnel, offrant des concerts comme des bulles d’évasion. Thomas Fersen ne cesse de se réinventer, entre fantaisie, profondeur et liberté, comme un funambule sur le fil du verbe et de la musique.
