Roberta Roman, née en Italie et installée à Paris depuis 1991, est une guitariste classique et chercheuse musicale reconnue pour sa virtuosité, son éclectisme et son engagement intellectuel. Formée au Conservatoire Giuseppe Verdi de Milan, elle poursuit son perfectionnement à l’École Normale de Musique Alfred Cortot auprès d’Alberto Ponce et Betho Davezac, avant d’obtenir un Diplôme d’exécution et un doctorat en concert à Venise.
Dès ses débuts, elle se distingue dans le répertoire contemporain, interprétant des œuvres de compositeurs tels que Juan Trigos, Massimiliano Viel ou Luca Cori. Elle collabore avec des ensembles comme l’Orchestre ProArte et développe une approche de la guitare à la fois exigeante et ouverte aux formes modernes. Installée à Paris, elle découvre le tango argentin, qui devient pour elle un terrain d’expression privilégié où fusionnent émotion, rigueur et dialogue entre cultures.
En 1996, elle fonde le Roberta Roman Trio, réunissant guitare, bandonéon et violoncelle. Le groupe propose un répertoire mêlant tango traditionnel, Tango Nuevo d’Astor Piazzolla et compositions originales. Ensemble, ils parcourent les scènes d’Europe et d’Amérique latine, jouant dans des lieux prestigieux comme le Théâtre National de Chaillot, le Teatro Metropolitano de Milan ou l’Amphithéâtre de Catane. Le trio a partagé la scène avec des artistes aussi divers que Pink Martini, Gotan Project, Richard Galliano ou Juan Carlos Caceres.
À cette carrière scénique s’ajoute une dimension de recherche musicale. Roberta Roman s’intéresse à la parenté historique entre tango argentin et chanson napolitaine, donnant naissance au projet T4NO – Tango Napoletano. Ce travail met en résonance le patrimoine musical populaire du sud de l’Italie avec les formes du tango, intégrant mandoline, basse, percussions, et même rap napolitain avec des artistes comme Lucariello. Cette relecture vivante des traditions musicales souligne leur potentiel de transformation et de rencontre.
En 2023, elle publie La Petite Naples – Opération Sultan vol. 2, un album concept rendant hommage à la communauté napolitaine de Marseille. En collaboration avec l’historien Michel Ficetola, Roberta y retrace une mémoire populaire marquée par l’exil, les luttes sociales et les drames oubliés, comme celui de l’opération Sultan en 1943. Ce projet collectif réunit musiciens et chanteurs issus de divers horizons, parmi lesquels Akhenaton, Petra Magoni, Raiz, Lucariello, Manu Théron, Vincent Beer-Demander, Antonella Mazza, Claude Salmieri et Marisa Mercadé.
Roberta Roman est également très investie dans la pédagogie. Sélectionnée entre 2018 et 2021 parmi les douze artistes de la “Génération Spedidam”, elle enseigne aujourd’hui la guitare au Conservatoire Erik Satie de Bagnolet, transmettant avec passion son savoir et sa vision d’une musique engagée, vivante et ouverte sur le monde.
Sa discographie riche témoigne de son parcours singulier, entre albums contemporains, pièces de tango, explorations hybrides et créations transdisciplinaires. Parmi ses enregistrements phares : Les Quatre Saisons, Angeles y Demonios, Voyage à Sorrento, et les volumes du projet La Petite Naples.
Roberta Roman incarne une figure rare : celle d’une musicienne qui place l’art au croisement de l’excellence, de l’humanité et de la mémoire. Sa guitare est tour à tour lyrique, militante, poétique ou politique — un instrument au service du dialogue, du récit et du lien entre les cultures.